vendredi 7 mai 2010

MORT INITIATIQUE COMME ACCOMPLISSEMENT DE L’HOMME

INTRODUCTION GENERALE.

Dans un monde où les mutations sont passées de la progression à la digression des mentalités, de l’amont à l’aval des comportements, un monde dans lequel l’on a perdu les repères culturels et les valeurs premières de l’éthique et de la morale, un monde où l’on ne sait plus distinguer le bien du mal, et où l’individualisme tend vers son paroxysme ; l’urgence s’impose pour quiconque s’attache à ces valeurs d’en réinstaurer. Où chercher alors ces valeurs authentiques de l’agir humain pour leur mise en relief ? Dans les courants de pensées, ils sont fils de leur temps. Dans les idéologies politiques, elles ont en tout temps montré leurs limites. La tradition ne serait- elle pas par enchantement le lieu par excellence d’acquisition de ces valeurs inestimables ? Un tour d’horizon s’impose à cet effet dans la tradition africaine ; « moulin à humains » pour une prospection de ses multiples rites et d’emblée celles à l’intérieur desquelles l’on parlait d’une certaine mort initiatique comme accomplissement de l’homme tant il est vrai que dans ladite tradition, l’homme ne naissait pas homme, il le devenait par certains procédés rituels dont la symbolique était la mort. Mais la mort comme accomplissement est problématique pour l’entendement humain. En effet comment peut- on devenir homme en mourant ? C’est toute cette problématique qui fera l’objet de notre exploration ; laquelle vous sera présentée en trois chapitres corrélativement liés. Au chapitre I, nous vous ferons une brève présentation de l’initiation africaine. Le chapitre II quant à lui traitera de la mort initiatique et le chapitre III avant la conclusion, établira un rapport entre la mort initiatique et l’accomplissement de l’homme.

CHAPATRE I : PRESENTATION DE L’INITIATION
I/ ESSAI DE DEFINITION.
Selon LOUIS-VINCENT THOMAS dans son œuvre intitulée : LA TERRE AFRICAINE ET SES RELIGIONS, toute définition de l’initiation doit prendre en compte deux dimensions pour sa compréhension : la dimension de la personne et la dimension sociale qui semblent deux réalités distinctes ; mais indissociables.
L’initiation au plan individuel désigne un ensemble complexe de techniques visant à humaniser (culturaliser et socialiser) l’être humain par le biais de la connaissance libératrice et des épreuves bienfaisantes, afin de l’orienter vers ses responsabilités d’adulte, de spécifier son statut et ses rôles qu’un tel passage ne manque de sécuriser. Au niveau groupal, elle désigne un ensemble de procédés par lesquels la société, directement ou par la médiation des groupes spécialisés (sociétés initiatiques, sociétés culturelles), prend en main son destin, soit qu’elle lutte contre l’usure du temps et les effets dissolvants de la mort, soit enfin qu’elle favorise sa propre vie.
Sur le plan social, l’initiation apparaît simplement comme un fait social dans sa totalité. Envisagée existentiellement, elle désigne un drame à la fois individuel et collectif par le biais duquel le groupe transcende les méfaits qu’impose l’insertion dans la durée et fixe les statuts et rôles de ses divers membres.
Intellectuellement, elle se définit comme un jeu de symboles fondé sur les vérités archétypales du mythe-récit c’est-à-dire d’imaginaire. Sur le plan métaphysique, elle devient une dimension privilégiée du sacré ; laquelle peut sous les formes les plus hautes, favoriser l’union avec Dieu, expression suprême de l’unité ontologique. Définie ainsi selon ces quelques dimensions, voyons à présent les aspects qui peuvent en découler.
II/ LES ASPECTS DE L’INITIATION.
L’initiation africaine est une école qui développe divers aspects parmi lesquels : l’éducation, la formation humaine intégrale, la formation spirituelle et la facilitation de la procréation pour ne citer que ceux-ci.


A- L’ASPECT EDUCATIF.
L’initiation est une école prenant en charge l’instruction et l’éducation des adolescents qui lui sont soumis, dans le but de faciliter leur accès à l’âge adulte : c’est la formation de la personnalité ; laquelle lui permettra plus tard d’entrer dans telle ou telle autre confrérie spécialisée, à l’exemple des confréries professionnelles (pasteur, chasseur, guerrier…), des confréries religieuses ou mystiques.
L’enseignement ici reçu par les initiés, porte essentiellement sur le corps de l’homme (ou de la femme), la structure du monde, l’organisation du groupe (ses mythes et ses lois) sans oublier la recette des pratiques indispensables pour la vie courante. C’est ainsi que dans le « Khomba » des vendas du Transvaal tel que reporté par Louis Vincent Thomas, l’on apprend les lois du corps, du feu, des couleurs (liées au sexe), du foyer (union homme-femme) et même les lois de l’histoire ; car un peuple sans histoire est un corps sans âme disait encore S. SENGHOR. Dans le « Tshikanda », l’on enseigne les lois de la case. Dans le « Domba » enfin, on accède au statut de la personne achevée (apte au mariage et à la procréation). Dans l’enclos initiatique en de nombreux cas, l’éducation s’articule autour de deux pôles : l’humain social et le cosmique. C’est donc dire en effet que l’initiation présente une valeur éducative de premier ordre. Le respect par exemple qui lie les adolescents aux aînés, n’est rien de plus que le fruit de l’initiation.
B- LA FORMATION HUMAINE INTEGRALE.
Cet aspect de l’initiation englobait à la fois la formation physique, morale et la formation spirituelle. Elle comportait des activités ludiques appropriées, destinées à procurer aux jeunes Africains adresse, agilité, endurance physique et à développer leur capacité de réflexion comme par exemple le jeu de sagaie, les jeux de poursuite, la lutte sous diverses formes ; mais aussi la formation de l’esprit et de l’intelligence « L’éducation traditionnelle africaine disposait [en effet] d’une panoplie de procédés destinés à éveiller l’intelligence de l’enfant, cultiver sa mémoire et former son sentiment. »[1]
La formation morale pour l’enfant africain comportait une éducation à certaines qualités du cœur, comme la solidarité et la générosité. En effet l’éducation morale nous dit ESSINDI EVINA, était un code de prescriptions et d’interdictions assez précis dans la tradition. Ainsi être bien éduqué, était savoir respecter ses parents et leur obéir, savoir se montrer à l’égard des grandes personnes, en particulier des vieillards, c’était savoir se tenir en public, surtout en présence des adultes en face de qui l’enfant bien éduqué devait toujours se gêner pour les mettre à l’aise. C’était aussi savoir se montrer généreux, serviable, laborieux, mais aussi savoir maitriser ses sentiments.
C- LA FORMATION SPIRITUELLE.
A l’initiation, connaissance et formation de la personnalité se conjuguent pour accéder à une plus grande intériorité ; laquelle se veut la vraie mesure pour une seconde naissance de l’individu celle qui lui révèle une vie inconnue en le dotant de puissances supérieures. « La condition d’une telle métamorphose spirituelle est alors la ferveur de la conversion. »[2] La croyance en une autre vie après la mort que le traditionnel inculquait à l’enfant était un degré de spiritualité élevée. Ainsi l’on grandissait dépourvu de toute crainte de la mort. La croyance à l’invisible et à un être suprême « ZAMBA » chez les Béti, « JOB » chez les Bassa, qui serait à l’origine du monde, ne reste pas moins la forme la plus haute enseignée dans ce milieu. La formation spirituelle permet au sujet d’accéder aux formes les plus hautes de la spiritualité. « Car en effet l’initiation comportait une triple révélation : celle du sacré, celle de la mort et celle de la sexualité »,[3] qui étaient des expériences ne pouvant être maitrisées que par les initiés.
D- LA FACILITATION DE LA PROCREATION.
Dans la société traditionnelle africaine, être homme ou femme véritable, c’est avant tout devenir apte à procréer. En d’autres termes, à prendre place dans le processus universel de la vie. En effet, c’est après la circoncision et l’excision que le garçon et la jeune fille deviennent homme et femme respectivement à part entière, capables d’envisager le mariage. Chez les DOGON par exemple nous rapporte Louis Vincent, c’est aussitôt après l’initiation que le garçon et la fille doivent porter le cache sexe, cessant ainsi de jouer avec les organes génitaux. Faciliter la procréation ici, c’est en un mot élaborer une éducation sexuelle rigoureuse, c’est établir les règles d’utilisation de l’outil sexe, c’est le préserver. Car la mauvaise utilisation du sexe peut détruire un groupe, comme la bonne peut assurer son dynamisme. C’est donc dire que l’accomplissement de l’homme dans la sexualité est un gage pour la procréation.

III/ LA FINALITE DE L’INITIATION.
Des cinq dimensions évoquées dans notre assai de définition de l’initiation, nous prendrons uniquement en compte les dimensions sociale et individuelle, pour mieux appréhender cette question de finalité.
A- L’INITIATION AU PLAN SOCIAL.
Au plan social, l’initiation vise de prime à bord à confirmer les valeurs du groupe et intensifier la vie collective. Dans un second temps, l’initiation comme le dit TURNER à propos du rite « NDENBU », exprime, maintient, épure l’ordre social séculaire précisément dans les sociétés privilégiées de centralisation politique, qui connaissent des risques accrus de dispensation. Ici on peut y voir le désir de dominer les divisions arbitraires créées par les hommes, de surmonter pour un moment les contingences matérielles qui désunissent les hommes et les désaccordent d’avec la nature. Et le rite le plus indiqué pour le démontrer est le rite de passage, qui maitrise le changement et donc, le risque d’anomie, le danger d’irruption anarchique du numineux afférant aux mutations psychosociologiques de la personne et à ses conséquences inévitables sur le groupe.
L’initiation vise aussi à reproduire. Cette seconde visée apparait multiforme. Le rite étant inséparable du mythe d’après Louis Vincent Thomas, et constituant de fait, la source des archétypes intemporels qui codifient les croyances et modèlent les comportements des groupes, qui s’en réclament, il ressort aisément que l’initiation est un « rappel périodique et solennel des valeurs fondamentales du village, d’un clan ou d’une ethnie. »[4] Pour Louis Vincent Thomas, telle est précisément la tâche qui incombe à l’initiateur, et qui est par là même le sens qu’il faut accorder aux sanctions infligées à ceux qui dérogent aux règles prescrites. Il rapporte par exemple que chez les Giziga du NORD Cameroun, étudiés par G. Pontié, à chaque cérémonie nouvelle les anciens initiés doivent obligatoirement rendre visite aux nouveaux. Si leur conduite depuis la dernière initiation n’est pas jugée satisfaisante par les vieux du village, ils doivent subir la bastonnade de la main du chef des circoncis ou du gardien, ou encore de l’un de leur camarade d’initiation mieux classé qu’eux ; et ce, quel que soit l’âge (p 217-218). A cette première forme du maintien de la reproduction, l’on montre également que le propre de l’initiation est d’ «assurer la survivance du groupe par l’ordonnancement des générations. »[5] Par elle, les adolescents deviennent à part entière des adultes donc, des hommes ou des femmes socialement utiles : ils ont leur brevet de civisme, ils sont des procréateurs, ils participent à l’administration tribale, ils peuvent faire partie des conseils du village. Bien plus l’initiation vise non seulement à renforcer la « conscience du groupe », néanmoins (l’initiation que supposent certaines associations culturelles,) mais aussi à « reproduire un ordre établi (un certain équilibre et une certaine hiérarchie interne).
Par ailleurs, l’initiation vise à vitaliser. L’objectif ici est de redonner vie aux initiés à la fin de l’initiation à travers des kermesses populaires, de liesse collective, d’effervescence sociale, des chants, de la boisson et de la nourriture… et ainsi est agréablement rompue la monotonie de la quotidienneté.
En définitive, on peut dire que l’initiation au plan social resserre les liens d’entre les individus. La fête et le jeu d’échange qu’elle suppose, sont des procédés particulièrement pertinents et efficaces par lesquels le groupe vit plus intensément, prend conscience de son unité et apprécie le prestige dont elle jouit (multiplicité des participants étrangers, alliés, clients). De plus, l’initiation porte généralement sur les tranches d’âge dont elle renforce la cohésion (vie commune dans le camp, épreuves communes…), réalisant ainsi une véritable fraternité, à telle enseigne qu’il est parfois difficile à un sujet d’épouser la sœur de son compagnon d’initiation. Dans certains cas même, les membres d’un même groupe initiatique se doivent toute la vie, aide et assistance.
B- L’INITIATION AU PLAN INDIVIDUEL.
La vie de chaque individu se subdivise en phases. C’est ainsi qu’on a la phase de la conception, la phase de la naissance, celle de la vie en société et celle de la mort. Pour les chrétiens, la résurrection pour la vie éternelle est une phase capitale pour leur vie de foi. Ces phases correspondent à celles de l’initiation mieux, elles sont presqu’identiques à celles-ci quant à leur finalité par rapport à un individu. C’est alors qu’à l’initiation on parlera également de la conception quant à la séparation de l’individu avec sa famille, son village pour le lieu d’initiation. Ce déchirement comme le dit HERTZ, ce passage de la culture (village) à la nature (brousse), est nécessairement régressif et puisque symbolique, il conduit à l’état fœtal. On parlera ensuite de renaissance pour symboliser l’entrée solennelle du néophyte dans le cercle initiatique. On parle de plus de l’initiation proprement dite, en faisant ainsi allusion à la formation humaine intégrale de l’individu pour devenir homme. Là elle correspond à la phase de marginalisation ou de re-naissance du néophyte. Toutes ces phases initiatiques sont un cycle au cours duquel, les néophytes reçoivent les valeurs les plus inhérentes à la vie, qui font d’eux des hommes intègres dans la société traditionnelle.
L’initiation au plan individuel vise aussi à sacraliser l’homme. Pour cet aspect initiatique, il importe que l’on s’abreuve du rite de consécration. En effet, le rite de consécration est « une répétition d’une action archétypique ou encore une reproduction de ce qui a été fait dans le monde mythique »[6]. Ici l’orientation de l’initiation dépend des initiateurs qui peuvent donner l’apparence d’un sacrement au rite, mettant l’initié au contact du transcendant, soit qu’il apporte quelques révélations sur le sacré (l’initié connait les mystères), soit qu’il sacralise l’homme (initier à la royauté, confrérie mystique). En bref la dimension sacramentelle de ce rite voudrait simplement permettre à l’homme d’accéder aux formes les plus hautes de la spiritualité, de maîtriser certains donnés mystiques et être lui- même mystique.
Ainsi, qu’il soit question de groupe ou d’individu tel que le dit Louis Vincent Thomas, l’être n’est rien sans le paraitre, le valoir sans le faire-valoir, le réel sans l’imaginaire, la vérité sans la simulation ; comme pour dire en un mot que l’initiation a mission de joindre l’utile à l’agréable dans son processus de re-création de l’homme. C’est plus ou moins ce que l’examen des techniques initiatiques ne va pas manquer de nous montrer à travers le phénomène même de la mort initiatique.

CHAPITRE II : LA MORT INITIATIQUE.
Au sens premier, la mort est une séparation physique et définitive avec un individu dont la vie s’éteint par un disfonctionnement de l’ensemble de l’organisme, passant ainsi du monde terrestre physique à l’au-delà invisible. C’est en un mot une disparition d’un individu ayant vécu, une perte en potentiel humain. Mais il convient fort bien d’apporter une nuance dans le cadre de ce travail, sur la mort initiatique dont la tâche nous incombe d’analyser. En effet, la mort dont il est question ici n’est pas à prendre au sens strict du terme, elle n’est que symbolique, mort initiatique dont il conviendra d’expliciter la symbolique d’une part, et faire une étude herméneutique d’un ou de deux rites à l’intérieur desquels l’on affronte la mort d’autre part.
I/ SYMBOLIQUE DE LA MORT INITIATIQUE.
La mort initiatique ou rituelle est celle qui nous introduit de fort belle manière en plein cœur de la culture. Alors que la mort physique est individuelle, la mort rituelle elle, garde tout son sens dans le collectif. Elle permet rituellement au groupe d’après Louis Vincent Thomas, de se régénérer par la re-naissance initiatique ; tant il est vrai pour la tradition que, l’individu vient au monde inachevé. C’est ainsi que les garçons naissent non circoncis ; le prépuce étant de fait un handicap dans le processus de procréation. D’où l’importance de le couper pour faciliter la sortie du liquide séminal en vue de la procréation. Désormais alors, c’est « l’homme qui confère la complétude et se fait authentiquement procréateur. »[7]
Symboliquement donc, la mort chez l’Africain traditionnel se veut le dépouillement de soi, le renoncement de soi, un changement d’état, le passage d’un cercle à l’autre, le souci du commun et non de l’individuel, le sens du sacrifice, l’acceptation de la peine, la soumission, le respect de la coutume… toutes ces valeurs qui deviennent l’apanage de l’homme traditionnel, s’entendent s’acquérir à l’initiation à partir de certains rites , qu’il convient pour nous d’ausculter afin de découvrir ce qu’ils tuent dans la personne des néophytes.


II/ ETUDE DE CERTAINS RITES DANS LESQUELS L’ON MEURT SYMBOLIQUEMENT.
Au regard de la pluralité des rites dont nous avons connaissance, et que nous ne saurons ausculter tous à la fois, et compte tenu de plus de l’unicité de leur problématique au sujet de la mort, force nous est bien de nous appesantir sur un seul : le rite So’ vous renvoyant ainsi à la lecture intégrale et à l’interprétation des autres.
A- PRESENTATION DU RITE SO.
Le So’ est un grand rituel d’initiation Béti que subissent les garçons à un certain âge de leur vie. Il se déroule en plusieurs phases ou cérémonies spécifiques exécutées après des intervalles de temps plus ou moins longs selon un programme souple susceptible de changements. Cette longue suite des fêtes, d’épreuves et de cérémonies, était vécue par les vieux Bétis comme le centre de leur vie religieuse et sociale, comme aussi leur culte spécifique. Ce rite partageait la société des hommes Bétis en trois catégories : les non initiés ou profanes (Ebin) assimilés aux femmes quant aux interdits et à l’audience sociale, les initiés (Mkpangos) qui ont droit aux interdits et prennent part aux palabres, et enfin le Mvon donc, le garçon en cours d’initiation équivalant au « récipiendaire », au « novice », « postulant », ou « néophyte ».
Le So’ est un rite ambivalent qui conjugue en même temps un rituel d’expiation et un rituel d’initiation. « On ne fait pas le So’ a zeze »[8] (pour rien), déclare Mbarga Ndumu et Mintsangom ; il faut qu’il y ait un « Nsem » (péché) à expier, ou des jeunes à initier. Ce sont là les deux conditions du So’.
Au sens courant, le So’ désigne l’Antilope dont le rapport avec le rituel n’est pas simple. Il est bourré de significations. Cet animal dans la tradition Béti fait partie des interdits que l’initiation va alors lever plus tard. Ce rite qui faisait jadis la fierté de la société Béti dans l’accomplissement de ses fils, s’est vu à tout jamais supprimé au gré de l’avènement du christianisme et la modernité laissant ainsi les Béti en ballotage au milieu d’une société désacralisée.
Le rite So’ avons-nous dit, est une suite d’épreuves secrètes parmi lesquelles : la marche dans la forêt, le passage du tombeau souterrain, la poursuite de l’initié, la vie dans l’Esam, la sortie de l’Esam. La tâche ici nous incombe d’en dégager la symbolique.
A- ETUDE HERMENEUTIQUE DU RITE SO.
Aucune étape du rite So’ est sans importance ; elles sont toutes riches de symboles. C’est ainsi que la poursuite de l’initié renvoie à la bravoure, à la rapidité devant un ennemi, au développement du réflexe…, la marche dans la forêt quant à elle, cultive le courage. Le passage du tombeau souterrain est ici l’étape la plus significative du rite en raison de ce que, c’est elle qui revêt toute la symbolique de la mort dudit rituel. En effet, le tombeau souterrain est une espèce de tunnel souterrain d’environ dix mètres de long, comportant deux ou trois ouvertures annexes et une principale par laquelle doit sortir l’initié, et non par une autre ; de sorte que « si quelqu’un relevait la tête par l’un des trous annexes, on l’abattait d’un coup de gourdin ou de machette. » (Extrait du témoignage de Gabriel OWONO, tiré dans Initiations et Sociétés secrètes au Cameroun de P. Laburthe, p 235). D’autres sages traditionnels ne le démentiront pas. Ainsi Pour Grégoire EBEDE de Niemeyong, « le tunnel avait au moins dix mètres de long, avec une entrée, deux trous au milieu, une sortie. Aux deux trous, on plaçait deux guetteurs, un esclave-bourreau, qui vous tue si vous n’avez pas été brave. Vous mourez, vous restez dans le trou, on vous enterre sans rien dire à votre mère. »
Et pour ONANA, on enterre […] les jeunes gens tués dans le souterrain, puis on nettoie soigneusement la place de façon à ne laisser aucune trace. C’est ce qu’on appelle « étaler la peau du So’ » (ekob So’).
A partir de ces témoignages, il y en a une multitude, on voit effectivement que ce tunnel était un tombeau et qui dit tombeau, dit trou dans lequel a été inhumée une dépouille mortuaire. C’est donc dire que ce tunnel plein d’obstacles (Fourmies, épines sur lesquelles rampaient les candidats, bourreaux prêts à tuer en cas de confusion de sortie), n’était pas seulement la symbolique de la mort, mais effectivement la mort pour certains, d’après les témoignages ci-dessus. D’entrée de jeu une fois l’initié introduit dans ledit tunnel, il est désormais inhumé ; ce qui suppose qu’il est mort dans la vie courante, mort dans l’adolescence. D’où sa sortie par la voie principale symbolise, sa résurrection, passage de l’adolescence à la maturité : c’est le triomphe de la vie sur la mort. Michael Mve Meyo de Mekamba nous livre ce témoignage :
« … si tu arrives à l’autre sortie, tous, tes pères, tes frères, tes oncles maternels tirent des coups de fusils pour se réjouir et s’écrient : « nous avons un garçon » (du même ouvrage, p 286).
L’on nous rapporte par ailleurs qu’une fois que le candidat arrivait de l’autre côté du tombeau, il levait la main et criait : « Mon père, me voici, mon père me voici pour célébrer sa victoire. » (p 285).
La vie dans l’Esam elle, marque une rupture totale avec le public, une année de vie en cachette, en brousse sans manger au vu et au su de tous, sans se montrer aux femmes. C’est aussi une lutte sans merci avec les bêtes sauvages, et d’autres forces à l’égard des fantômes. Ici, l’on cultive la capacité de se battre seul pour sa propre survie, le courage, la capacité à maîtriser ses énergies sexuelles en l’absence de la femme.
La sortie de l’Esam revêt vraisemblablement la mort du So’, le So’ est terminé, les protagonistes rentrent au village pour être intégrés dans la société comme membres à part entière, pouvant jouir de tous les droits, des repas, de la parole et de tout ce qui leur était au paravant interdit dans la cour des grands, en tant qu’individus complets.
L’étude herméneutique de ce rite nous permet donc de comprendre que la mort dont il est question ici, n’est pas celle au sens strict du terme, mais une mort symbolique, c’est-à-dire, un dépouillement de soi, un dépassement de la souffrance que l’on endure lors des différentes épreuves de l’initiation, un sacrifice de soi-même dans la souffrance afin de devenir homme ; car nul ne devient homme sans toutefois passer par la souffrance. En quoi la mort est-elle alors une condition pour la vie en plénitude de l’homme ?

CHAPITRE III : RAPPORT ENTRE MORT INITIATIQUE ET ACCOMPLISSEMENT DE L’HOMME.
Dans un monde où l’humanisme s’impose, il est nécessaire que l’homme ait tout le sens de cet humanisme qui requière toutes les prédispositions physiques, morales, sentimentales, intellectuelles et bien d’autres encore qui se veulent une émanation de sa culture, de son milieu de vie, de sa tradition qui sont les « usines de fabrication » par excellence de l’homme. Et pour être à la hauteur ou renaître dans cette humanité, il faut mourir en soi. C’est alors cette adéquation entre mort en soi et acquisition des valeurs humaines qui conduisent l’homme à son accomplissement. Comment pouvons-nous de ce fait expliquer l’accomplissement de l’homme traditionnel dans la mort initiatique ?
I/ MORT SYMBOLIQUE ET ACCOMPLISSEMENT : QUEL RAPPORT ?
Dans le précédent chapitre, nous avons dégagé la symbolique de la mort qui, rappelons le encore, renvoie à la souffrance, au renoncement du « je »[9] individuel, au profit du « nous »[10] communautaire, au sacrifice (être prêt à mourir pour la cause de l’autre ou du groupe), à l’acceptation d’acquisition des valeurs initiatiques, au respect des normes traditionnelles, à l’obligation de fidélité des normes sociaux, n’est-ce pas là un processus de perfectionnement de l’être dans la vie courante ?
En effet, le traditionnel avait cette considération qu’on ne peut devenir homme sans passer par la souffrance. Car derrière chaque souffrance est caché un trésor. On voit là cet autre proverbe universel selon lequel, « la souffrance est une école de sagesse. » si l’on s’en tient donc à ces considérations et étant donné la souffrance prise comme mort au sens symbolique du terme, il apparait que la mort même en soi est bien.
Les souffrances de l’initiation comme celles du rite So’ évoquées au chapitre II, trouvent leur sens en ce qu’elles assurent une formation humaine et intégrale du néophyte, en sorte qu’il trouve place à travers une vie exemplaire dans la société.
Un homme accompli, est un homme fort physiquement, un homme courageux, un homme debout dans son éducation, respectueux, un homme qui observe plus qu’il ne bavarde, compatissant, capable de réconciliation, capable de diriger les autres, un homme de parole, fidèle à ses engagements, un homme qui a le sens du mérite, un homme sage, celui là qui milite toujours en faveur du bien, et pour qui « je » au lieu de « nous » n’a pas de sens. C’est quelqu’un qui sait qu’on ne peut pas être en dehors des autres. Aussi la mise en application de ces valeurs immanentes aux souffrances initiatiques est-il une certaine mort en soi : mort dans son vieil homme, pour renaitre comme une créature nouvelle ou alors mort dans l’enfance (immaturité), pour naitre à la vie d’adulte (maturité). Voilà pourquoi on dit de l’initiation qu’elle re-crée l’homme. Cette re-création de l’homme qu’on pourrait assimiler à la résurrection de celui-ci, n’est rien d’autre que son accomplissement. On peut de surcroit par analogie dire que mort et vie sont indissociables. C’est en souffrant qu’on devient homme : « Tu mangeras à la sueur de ton visage »[11], fait comprendre qu’il n’y a pas de vie en dehors de la souffrance, et pour accéder au bonheur l’on ne saurait se passer de la souffrance comme un canal qui conduit à ce bonheur. Mais alors toute souffrance aboutit-elle au bonheur, n’y a-t-il pas des souffrances pour la souffrance, n’y a-t-il pas celles qui aboutissent à la mort véritable ?
II/ CRITIQUE DE CERTAINES PRATIQUES RITUELLES, SYMBOLIQUES DE LA MORT.
A- CRITIQUE NEGATIVE.
Comme les courants de pensées, il n’y a pas des coutumes et des traditions qu’on ne puisse critiquer, c’est-à-dire une tradition à l’intérieur de laquelle on ne puisse pas relever certains aspects compromettants la vie humaine.
Dans le cas échéant (celui du rite So’), alors que « le besoin de l’initiation est d’adapter l’individu né à l’état d’animalité au modèle de l’individu plénier »[12], on constate fort malheureusement que celui-ci conduit plutôt les individus à la perdition. Dans l’épreuve du passage souterrain avons-nous mentionné plus haut, lorsque l’individu venait à confondre la sortie par une autre, les bourreaux l’abattaient purement et simplement sans aucun scrupule, sous prétexte que c’est une exigence du rite. N’est-ce pas là la violation de la loi divine selon laquelle : « tu n’ôteras la vie ni à toi-même, ni à ton prochain »[13] ; l’on nous dira que le traditionnel ne connaissait pas les Saintes Ecritures mais a-ton oublié que l’homme possède en lui une partie du divin et que les lois divines sont inscrites dans sons cœur depuis l’origine ?
Toujours dans ledit rite, ne voyons nous pas en la réclusion (la période de l’Esam), une certaine marginalisation de la jeunesse vouée ici à l’analphabétisme, quand les autres de leur âge vont à l’école ? Certes, dans les techniques initiatiques, il y a une portée pédagogique. Mais… Combien de temps le grand Nord Cameroun est resté sous scolarisé à cause de la tradition. De plus, l’épreuve du bourbier ne peut-elle pas occasionner des maladies cutanées ?
Ainsi l’on se voit tenter de donner raison à l’Européen qui a appelé ces coutumes : « les coutumes barbares. » Mais au regard de ce qui est de la vie en société à l’heure actuelle, peut-on considérer les pratiques rituelles sous le seul angle de compromission ? La norme serait dans ce monde du donner et du recevoir, où chacun devrait apporter une pierre à son édification, que l’homme africain d’aujourd’hui puisse revisiter ces traditions ancestrales, de même que les pratiques actuelles et faire la part des choses pour pouvoir être sur le qui-vive et s’adapter aux exigences de la mondialisation sans perdre sa personnalité.
B- CRITIQUE POSITIVE.
Un proverbe français dont nous avons connaissance, prône l’idéal selon lequel, « qui aime bien châtie ». Ce proverbe revêt un trait capital dans tout contexte de formation humaine ; en ce sens que, toute vie en plénitude présente des exigences. Pour devenir prêtre, médecin, militaire, enseignant et tout ce que nous voulons, cela passe bien par beaucoup d’exigences, ne serait-ce qu’un effort intellectuel et physique. Il faut passer par beaucoup de souffrances, si bien qu’à la fin du parcours, lesdites souffrances ne sont plus vues comme une aliénation, mais on comprend plutôt qu’elles ont été un moyen propulsif vers le bonheur.
Dans l’Afrique traditionnelle par exemple, certaines pratiques à l’état brut comme la circoncision des garçons et des hommes déjà âgés, étaient une souffrance au départ. Mais ce rite facilitait la procréation et permettait à l’homme de jouir de son plaisir sexuel. Ici on peut dire que l’on meurt dans l’impuissance, pour ressusciter dans la virilité sexuelle.
Dans le rite So’ que nous venons d’étudier et qui est en lui-même une mort pour l’individu ; d’autant plus que, seul le départ pour une durée très longue du rite, marque déjà une mort au sens de la séparation, du détachement des siens. Puis des étapes comme la poursuite de l’initié, le passage du tombeau souterrain, sont autant de techniques de formation au courage, à la bravoure, au mérite, à la sagesse pour ne citer que ces qualités.
On peut donc conclure que les souffrances initiatiques ne sont pas des souffrances pour la souffrance. Elles ne sont que des moyens mis à la portée de l’individu pour son accomplissement. Le traditionnel n’employait ces méthodes rudes, que dans le strict souci d’élaguer l’homme. Car hors de la souffrance, point de bonheur. Mais la tradition « n’étant pas un jardin d’Eden auquel il faut retourner »[14] l’urgence d’une nouvelle pédagogie pour l’heure s’impose.
III/ REAMENAGEMENT PEDAGOGIQUE.
Une nouvelle façon de penser les choses ne consisterait pas à faire complètement table rase ou à revenir à l’aveuglette sur toutes les pratiques ancestrales dont nous avons connaissance, et non plus de se contenter des seuls donnés actuels, qui nous semblent plus agaçants que nombre de pratiques rituelles. Il s’agit pour une bonne pédagogie, de joindre l’utile à l’agréable, qui consisterait à procéder par une discrimination des donnés entravant l’ère traditionnelle et l’époque actuelle ; tant il est vrai qu’à l’époque traditionnelle, les pratiques rituelles mettaient au centre de leurs préoccupations, la gestion des énergies sexuelles pour responsabiliser l’être sexué qui est l’homme. Puisque le sexe à lui seul pouvait détruire l’harmonie d’un groupe, comme il pouvait la sauvegarder. Aujourd’hui, la donne est toute autre. Le sexe est devenu un instrument de commerce. Conséquence, des maladies sexuellement transmissibles et mortelles, de la prostitution, de l’homosexualité, de la pédophilie, des avortements et du proxénétisme. Il serait d’emblé souhaitable que l’on revisite cette éducation sexuelle ne serait-ce qu’à partir des cours d’EVA (Education à la Vie et à l’Amour) au sein des établissements scolaires, sur la base de ces donnés rituels.
Dans un second temps, la jeunesse actuelle est en proie à l’inertie, elle a perdu tout le sens du mérite, du respect de l’autre, surtout des aînés, le sens du partage, de l’humilité, de la famille ; ces valeurs que le traditionnel inculquait à l’enfant depuis même sa conception. Que les chefs de familles, les parents, les dirigeants des Etats réinstaurent ces valeurs par des règles pouvant sanctionner tous ceux qui tentent de les enfreindre. Ainsi chacun à son niveau, au lieu d’attendre passivement le poisson des autres, apprendra à pêcher à la sueur de son visage. Tel sera par exemple une nouvelle façon de combattre la corruption.

Bien plus rien n’est plus dépersonnalisant que de perdre son identité culturelle. La colonisation, les religions importées, ont privé l’Africain de son identité ; à telle enseigne que de nos jours, nombre d’Africains sont incapables de dire bonjour en leur langue, comme ils ignorent leurs villages d’origine sous prétexte qu’ils sont nés en ville. Or l’individu n’est solide et complet que sur la base de ses origines, sa langue qui véhicule le mieux la culture d’un peuple, sa culture. La solution ici est simple. Que chacun à son niveau, puisse autant que possible, chercher à s’accommoder de l’usage de sa langue d’origine ou maternelle et que chaque parent dans chaque famille, qu’elle soit en ville ou pas, puisse donner la possibilité aux enfants de connaitre leur langue ancestrale par des exercices de communication non pas au détriment des langues coloniales, mais pour sauvegarder le patrimoine ancestral. C’est ceci la mort dont nous parlons ici ; celle qui construit le monde. Car perdre ces valeurs que le traditionnel a su mettre à point nommé, c’est mourir en propre à tout jamais.
Bien d’autres aspects peuvent être évoqués dans cet élan de réajustement pédagogique, mais il faudrait à cette fin un siècle pour les épuiser. Le mot d’ordre à recommander à quiconque ici, reste la prise de conscience.

CONCLUSION GENERALE

Au soir de l’exploration de la mort initiatique comme accomplissement de l’homme qui, sommes-nous conscients, reste aussi étendu qu’un océan et inépuisable dans son ensemble, il est d’abord impératif de situer les esprits avant toute fin utile ; en ce sens que la mort dont il a été question tout au long de cette réflexion, n’est pas la mort physiologique. Il s’agit en tout entendement de la mort symbolique. En effet, le symbolisme mortuaire au sens de l’accomplissement ne prend corps que dans le renoncement aux égoïsmes de l’être humain pour un projet commun. Ceci serait alors une règle de vie commune sous la base de la morale et de l’éthique, pour une meilleure harmonie en société. C’est néanmoins ce qu’a été la pédagogie traditionnelle africaine, telle qu’étudiée dans les écoles rituelles, dans un élan de re-création de l’homme comme être à temps plein au sein de la société. Cette re-création de l’homme entendue comme accomplissement, c’est-à-dire un état de plénitude de l’homme, ne fut pas pour le traditionnel un fruit du hasard, mais celui d’un processus de transformation (physique, morale, mentale, éthique, spirituelle…) prolongé dans le temps et l’espace à partir des pratiques rituelles bien déterminées ; et à partir desquelles l’individu devait mourir dans son état d’animalité pour ressusciter dans la plénitude de son être. Car pour lui, on ne naissait pas homme, on le devenait. Ainsi donc, mourir pour lui était vaincre les peurs de ce monde par le courage, renoncer à soi-même, au « je » individuel pour le nous communautaire, développer le sens du mérite, être capable de se prendre en charge, avoir le souci du groupe, être prêt à se sacrifier pour le groupe, être un homme de parole, de paix bref, être l’Evangile des autres c’est-à-dire un modèle de vie pour eux. Telles sont entre autres les valeurs que l’initiation avec le rite So’ a inculqué à l’ancêtre africain lesquelles valeurs sont bafouées par la société actuelle pourtant indispensables pour tout idéal de vie. La mort rituelle en somme donc est simplement une traversée des souffrances initiatiques, un dépassement de soi au quotidien. Elle est de fait un moyen d’accès au bonheur. Qui y parvient, goûte à la vie en plénitude et s’inscrit à jamais dans la catégorie de vrais hommes.

[1] ESSINDI EVINA J, in « Famille, Ecole et Education dans l’Afrique actuelle, Yaoundé 3 Avril 1989, p85.
[2] A. VARAGNAC, Civilisations traditionnelles et genre de vie, cité par LOUIS VINCENT THOMAS dans LA TERRE AFRICAINE ET SES RELIGIONS, éd l’HARMATTAN, Paris 1992, p223.
[3] Mircea ELIADE, Le Sacré et le profane, Gallimard, 1965, citée par LOUIS VINCENT Thomas, p 216.
[4] Ibid, p 217.
[5] Ibid, p 218.
[6] Ibid, p225.
[7] Ibid, p 252.
[8] Philippe Laburthe-Tolra, Initiations et Sociétés Secrètes au Cameroun, éd KARTHALA, Paris 1985, p235.
[9] John Mbiti, Religions et Philosophie africaines, éd CLE, Yaoundé 1972, p131.
[10] Id.
[11] Genèse 3,19, Bible de Jérusalem, éditions du Cerf, Rome 1999.
[12] B. HOLAS, LA PENSEE AFRICAINE, éd GEUTHNER, Paris 1968, p351.
[13] Op.cit.
[14] Claude LAH, Espion de Dieu, éd l’Harmattan, Paris 2005, p 74.